un temps pour tout
Lorsque le petit Albert Einstein demandait à son papa de faire avec lui une partie de billes, ce dernier lui répondait immanquablement "J'ai pas le temps". Lorsque le petit Albert Einstein se plaignait d'avoir trop de devoirs, son papa lui répondait immanquablement "Quand on veut, on trouve toujours le temps".
Devant une telle contradiction, le petit Albert Einstein fut tenté de traiter son papa de menteur. Mais par pur respect filial, il préféra adopter la méthode scientifique pour prouver qu'elle n'était qu'apparente (la contradiction). Miracle, il parvint à concilier l'inconciliable en démontrant qu'on pouvait parfaitement ne pas avoir le temps et trouver toujours le temps, en même temps. Ainsi naquit la fameuse théorie sur la relativité du temps. Les travaux d'Einstein relevant du domaine de la physique, rien ne nous empêche de les appliquer au domaine de la psychologie en s'intéressant à la relativité du temps subjectif. Je m'explique.
Lorsqu'on met un enfant au piquet dix minutes, il a l'impression d'y être resté quatre heures. Lorsqu'un vieillard fête son anniversaire, il a l'impression d'avoir fêté le précédent le mois dernier. Autrement dit, plus on avance en âge et plus on a l'impression subjective que le temps s'accélère. Mais tout ça, c'est tout dans la tête. Diament a concocté là-dessus sa propre théorie qu'il énonce ainsi: "La valeur subjective d'une fraction de temps écoulé est inversement proportionnelle à la valeur réelle du temps écoulé depuis la naissance." On voit par là que Diament a oublié d'être con.
Un exemple banal : imaginons une grand-mère rencontrant sa petite-fille aujourd'hui. La semaine prochaine, elles se rencontrent de nouveau. La petite fille pourra dire: "Oh grand-mère ! Comment ça va depuis l'année dernière ?"" et la grand-mère pourra répondre: "Mais petite sotte ! On s'est vues il y a une heure !" Or, elles auront toutes deux subjectivement raison. Autrement dit et se référant à la théorie de Diament, on peut avancer que la petite-fille a l'impression subjective qu'un temps très long s'est écoulé depuis la dernière rencontre, un temps d'une durée inversement proportionnelle au peu d'années qu'elle a elle-même déjà vécues, et que la grand-mère, ayant par ailleurs vécu de nombreuses années, aura d'autre part l'impression subjective inversement proportionnelle à ces dernières à savoir qu'un temps très court s'est écoulé depuis la précédente rencontre subséquemment et nonobstant. Si je vous emmerde, dites-le carrément.
Autre exemple. La grand-mère rencontre sa petite-fille aujourd'hui. Puis, elles se revoient la semaine prochaine. La petite-fille dira :"Oh grand-mère ! Ça fait huit ans qu'on ne s'est pas vues !" et la grand-mère répondra: "Mais petite demeurée mentale ! Il y a cinq minutes que tu sors d'ici !" Or, elles s'apercevront très vite qu'en fait, elles se sont trompées. Il s'agissait d'une autre petite fille et d'une autre grand-mère. Constatant le malentendu cocasse, elles en riront ensemble et se rendront à leurs véritables rendez-vous respectifs. Mais il n'empêche qu'elles auront eu raison toutes les deux et que la théorie citée plus haut continuera par là même à fonctionner comme l'a prouvé l'expérience.
Autre exemple. La grand-mère rencontre sa petite-fille aujourd'hui et d'un commun accord, elles se filent rencard pour le mois dernier en disant on se téléphone et on fait une bouffe. L'année suivante, la petite-fille a un retard inquiétant de trois semaines et la grand-mère qui fait du vélo n'est pas là. L'impression proportionnelle inversement subjective aura eu pour conséquence une boucle dans le continuum spatio-temporel aboutissant qu'on le veuille ou non à la confirmation, une fois de plus, de la théorie ci-dessus.
Autre exemple. La petite-fille s'exclame: "Oh grand-mère ! Comme vous avez de grandes dents !" et la grand-mère répond: "Mais espèce de mongolienne prématurée ! On n'est pas dans Le Petit Chaperon rouge ! On est dans l'éditorial de Fluide Glacial !" Par conséquent, il conviendra de ne pas tenir compte de ce dernier exemple.
Gotlib